Le sacré et le profane..The Sacred and the Profane
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Ce retour aux sources proposé par Mircea Eliade, avec son livre Le sacré et le profane, s'inscrit très bien dans notre thématique du mois de septembre Chercher Dieu dans la Cité.
Alors que nous nous replongeons aux racines du Canada, avec notre dossier sur les élections fédérales 2015, l'héritage de foi de nos fondateurs est un incontournable.
Plus précisément, notre petite recherche historique nous a permis d'être vite impressionnés par l'audace et la générosité avec lesquelles les missionnaires et les premiers colons, religieux et laïcs ensemble, ont désiré annoncer l'Évangile.
Au 17e siècle, la terre canadienne était, sans aucun doute, «cette périphérie» appelant à la mission.
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This return to origins proposed by Mircea Eliade, with his book The sacred and the profane, fits perfectly well in our thematic workshop for September, Seek God in the City.
As we plunge back to the roots of Canada with our file on the 2015 federal elections, the legacy of faith of our founders is a must.
Specifically, our little historical research has enabled us to quickly be impressed by the courage and generosity with which the missionaries and early settlers, religious and layman together, desired to proclaim the Gospel.
In the 17th century, the Canadian land was, without a doubt, "this periphery" calling for the mission.
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Kateri Tekakwitha est une exemple marquant de cette réalité, décrite par Mircea Eliade: l'humain cherche Dieu et Dieu désire se révéler à lui, et ce, préalablement à toute «évangélisation». L'annonce de l'Évangile permet un dévoilement, de mettre des mots, des noms, de communier plus intensément à une réalité déjà pressentie.
Continuons notre réflexion avec un texte de Josée Lacoursière, qui avait été publié en 2012 sur le site Tendances et Enjeu, et qu'elle a bien voulu remettre à l'honneur pour l'occasion:
Kateri «universelle»
Mircea Eliade, historien des religions d’origine roumaine, a étudié l’expérience religieuse dans le monde entier. Savant érudit, il est considéré comme l’un des fondateurs de l’histoire moderne des religions. Il s’est penché sur un grand nombre de peuples pour en étudier les structures religieuses. Il en arrive à la conclusion qu’en étudiant l’histoire des religions, on peut découvrir l’unité fondamentale du genre humain.
Cette unité est basée sur une structure de la conscience qui comporte une ouverture à ce qu’il appelle le sacré. Cette structure n’est pas un simple stade, qui pourrait éventuellement être dépassé, mais elle est constitutive de l’être humain, le «sacré» étant un élément essentiel de la condition humaine.
La notion de sacré pouvant être problématique, je préfèrerais parler d’aspiration à l’achèvement ou à la complétude. L’être humain, inachevé, a conscience de l’être, et parfois non sans souffrance.
Cette souffrance a été exprimée maintes fois dans la littérature.
Camus, par exemple, témoigne à sa façon de l’aspiration de l’humain à «l’homme total», c’est-à-dire, de celui qui sait d’où il vient et où il va. Il le fait par la négative, mais son expression n’est pas moins parlante: «Son exil est sans remède étant donné qu’il est privé du souvenir d’un foyer perdu ou de l’espoir d’une Terre Promise».
Pour Mircea Eliade, «l’homme religieux est assoiffé d’être.»
La réponse à cette quête reste diffuse et partielle dans l’histoire des peuples, mais s’éclaire pleinement avec Jésus. Lui-même a conscience de son universalité, envoyant ses disciples parcourir le monde entier: «Allez, de toutes les nations…»
Jésus déconstruit l’idée d’un sacré lointain et insensible, en apprenant à ses disciples que, loin d’être inaccessible, Dieu est proche, intime même, répondant à la quête de totalité de chaque être humain. «Qui vient à moi, n’aura plus jamais soif.» Qui, c’est-à-dire quiconque, de quelque nation soit-il.
Qu’une jeune Amérindienne comme Kateri, ait vibré d’une façon si puissante au message de l’Évangile est pour moi le signe que Dieu sait parler au cœur de chaque humain.
Josée Lacoursière»
Le sacré et le profane (1987), par Mircea Eliade, disponible en ligne sur Amazon.
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Kateri Tekakwitha is a striking example of this reality, described by Mircea Eliade: the human being seeks God and God wants to reveal Himself to him, this is prior to any "evangelization". The announcement of the Gospel enables unveiling, setting words and names, in order to commune more intensely to what one sensed in advance.
Let's pursue this line of thought with Josée Lacoursière's writing, which was published in 2012 on the website "Tendances et Enjeu" (Trends and Issue), as she kindly accepted to reintroduce it for the occasion:
Kateri "universal"
Mircea Eliade, religious historian of Romanian descent, studied religious experiences around the world. Erudite scholar, he is considered one of the founders of the modern history of religions. He reflected on a great number of nations in order to study their religious structures. He concludes that by studying the history of religions, one can discover the deep-seated unity of mankind.
This unity is based on a structure of consciousness which has an openness to what he calls the sacred. This structure is not a simple stage, which could possibly be exceeded, but it is constitutive of the human being, the "sacred" is an essential element of the human condition.
The notion of sacred can be problematic, I would rather use the words aspiration to completion or completeness. The human being, unfinished, is aware of being so, and sometimes not without suffering.
This suffering has been expressed many times in literature.
Camus, for example, bears testimony to the aspiration of the human to be "total man", that is to say, of one who knows where he comes from and where he goes. He does it in the negative, but his expression is no less eloquent: "His exile is without remedy since he is deprived of the memory of a lost home or the hope of a Promised Land."
For Mircea Eliade, "the religious man is thirsty of being."
The answer to this quest remains diffuse and partial in the history of peoples, but with Jesus, it shines in its fullness. He is Himself conscious of his universality, sending his followers around the world "Go to all nations…"
Jesus deconstructs the idea of sacred distant and insensitive, teaching his disciples that, far from being inaccessible, God is close, even intimate, responding to the entire quest of every human being. "whoever believes in me will never be thirsty." Which is to say, anyone from any nation.
That a young Indian woman such as Kateri, vibrated in such a powerful way to the message of the Gospel, is for me the sign that God can speak to the heart of every human being.
Josée Lacoursière
The Sacred and the Profane: The Nature of Religion, by Mircea Eliade, (trans. Willard R. Trask), Harper Torchbooks, New York, 1961
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