….Dormir en paix..Stationary sleep….
….Un apiculteur rencontre de multiples occasions de se faire du souci, notamment au printemps. C'est à ce moment de l'année que les colonies d'abeilles sont les plus faibles. La première visite aux ruches comporte toujours un caractère imprévisible. L'hiver, qui est très long au Canada (pour ne pas dire interminable), aura-t-il eu raison d'elles? Manquent-elles de nourriture? Me restera-t-il suffisamment de ruches pour en tirer un revenu décent?
Ces inquiétudes m'ont ramené à l'esprit, ces dernières semaines, la parole dite par Jésus à une femme qui l'avait touché pour être guérie: «Ta foi t'a sauvée. Va en paix.» Une affirmation et un envoi, qui mettent en relation étroite la foi qu'elle manifesta et une paix: celle que Jésus donne en manière de rétribution pour la confiance qui lui est témoignée.
Je réfléchis souvent à ce genre d'inquiétude, sans être arrivé à m'en affranchir complètement, je l'avoue. Mais d'année en année il y a progrès, et je m'en réjouis, parce que si les paroles de l'Évangile ne changent pas, elles nous changent.
Le rapprochement entre foi et paix n'est pas anodin. L'évangéliste précise que la femme guérie par Jésus avait épuisé tous les recours pour soigner sa maladie; elle y avait même laissé sa fortune, sans aucune amélioration. Tous les recours? Non. Il lui en restait un, et elle y mit toute sa confiance. «Si seulement j'arrive à toucher son manteau, je serai sauvée», se dit-elle. Cette femme posa un acte de foi dont Jésus reconnut la juste valeur, et il lui fut donné la paix.
Car enfin, à quoi peuvent bien me servir ces soucis? En quoi peuvent-ils améliorer mon sort? Le film «Le pont des espions» offre à cet égard une réplique savoureuse. L'avocat américain (Tom Hanks) chargé de défendre en cour un espion russe (Mark Rylance) s'étonne de son calme imperturbable devant les accusations qui pèsent contre lui. Il lui demande: «Vous n'êtes donc jamais inquiet? », et l'espion de rétorquer: «Cela m'aiderait?»
Les soucis installent un trouble en mon âme, qui s'agite et soupire après un repos, consciemment ou non. Ce repos se trouve entre les mains d'un plus fort que moi, qui souhaite m'aider, mais à une condition: que je lui laisse le champ libre. Il veut que je renonce, comme la femme de l'Évangile, à tout appui sur moi-même, à mes ressources, à ma «fortune», j'entends ici ma volonté. Il ne veut pas anéantir celle-ci, mais lui procurer une fécondité réelle en la syntonisant avec la sienne. Il me demande cet acte de foi, ce geste de confiance, même imparfait, qui ouvrira la porte à son action et opérera un transfert de fardeau de mes épaules aux siennes. Et alors arrive le don de sa paix, qui est calme, quiétude intérieure, sérénité foncière, inébranlables même dans la souffrance.
Nous sommes en mai, le froid persistant risque de provoquer la mort de larves d'abeilles et de compromettre la survie de plusieurs ruches, même si je les ai protégées de mon mieux. Je me suis assuré que toutes avaient de la nourriture. Aurais-je dû retirer l'isolant hivernal plus tard? Mais ne pas le faire présentait aussi des inconvénients… Une fois tout pesé et tout confié entre les mains du plus fort que moi, qu'y puis-je de plus? Il ne me reste qu'à dormir en paix et accepter la suite, telle qu'elle sera.
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A beekeeper faces many reasons to be concerned, especially in the spring. The first visit of the season to the beehives has its load of surprises. Did Winter, which is very long in Canada (not to say endless), have the better of them? Is there a lack of food? Will I have enough beehives left to make a decent income?
These concerns came back to my mind, these recent weeks, and reminded me of Jesus saying to that woman who touched him to be healed: "Your faith has saved you. Go in peace." A statement and a sending, revealing a close relationship between faith and peace: a retribution giving by Jesus for the confidence shown towards him.
I admit I often think about this type of concern, without being able to completely free myself from it. But from year to year there is progress, and I rejoice, because if the written word of the gospel does not change, those same words do change us.
The close relationship between faith and peace is significant. The evangelist states that the woman healed by Jesus had exhausted all treatments to cure her illness; she had depleted all of her savings, without any improvement. Any remedies? No. There was one final possibility, and she put all her faith in it. "If only I can touch his coat, I'll be saved," she said to herself. This woman took a leap of faith, recognized by Jesus to be genuine, and peace was given to her.
After all, what good are these worries to me? How can they improve my life? The film "The Bridge of Spies" offers a delicious line in this regard. The American lawyer (Tom Hanks) responsible for defending in court a Russian spy (Mark Rylance) is surprised by his client's unwavering calm in the face of the accusations against him. Hanks asks him: "So you are never worried?" And the spy retorted: "Would that help me?"
Worries bring disturbance to my soul, which gets stirred, then sighs after a rest, consciously or not. This quietude of mind rests entirely in the hands of the One stronger than me, He who wishes to help me if, only if, I give way to Him. He wants me to offer no resistance, like the woman of the Gospel, to surrender my self-reliance, my abilities, my "riches", in other words my will. He does not want to smother it, but to make it bear true fruitfulness, by making it one with His own. He expects an act of faith, on my behalf, a gesture of confidence, although imperfect, which will essentially entice Him to take over, and to transfer the burden from my shoulders to His. And then comes the gift of his peace, quietude of mind, basal serenity, unwavering, even in the midst of suffering.
We are in May, the persistent cold threatens to cause the death of bee larvae and jeopardizes the survival of several hives, even though I protected them as best I could. I made sure everyone had food. Should I have removed the winter insulation a bit later? But not doing so had its drawbacks… Once I have done my best and everything has been looked after and entrusted into the hands of the Almighty, what more can I do? All is left for me is not to worry, and accept what comes, as His will.
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