Le Bon Dieu au sommet de son art

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Au cours d’une neuvaine culminant en la fête de saint Joseph et la mienne, je reçus d’un capitaine «ad hoc» jeûnant depuis longtemps de boissons et de jurons, un cadeau enrubanné d’un vert galant dans une membrane diaphane comme le fait si bien Pat et tralala. M’indiquant peut-être une vocation marine tardive, il me fit don d’un vase flanqué de trois mâts végétaux évoquant pour moi la forme d’un bateau. Ne distinguant ni la poupe ni la proue, ne sachant que peu ou prou par quel bout m’y prendre et à quelle conque me vouer, l’objet de mon regard me fit plonger dans une méditation profonde où l’harmonie subjugue l’esprit et les sens et appelle à une contemplation silencieuse, admirative de la main du Créateur dans l’œuvre d’art. Et la beauté absolue n’est-elle pas l’idéal recherché par tous les artistes. La recherche de l’accord parfait de Robert Charlebois, l’art pour l’art de Baudelaire, la beauté comme transcendantal divin de Platon.

 Art dans sa conception orientale qui a su d’une manière tout à fait unique, originale et géniale, intégrer la nature à tout objet d’art. Ce bateau d’un bois exotique taquinant mon ignorance en est l’illustration parfaite. Vert moulu par une nature exubérante, il s’amarre pour l’éternité dans une apparente dégénérescence. Étonnant paradoxe de l’art qui ne sait pas mourir, le bateau lesté à ras bord de pierres précieuses ne sombre pas, il s’ancre majestueusement dans la vie grouillante de l’étant.

Et le paradoxe s’accentue des trois plantes qui mâtent si bien le vent qu’on ne l’entend pas. 

Comment ne pas saluer la délicatesse, la finesse des ces arrangements floraux contrastant heureusement avec l’aspect monolithique et massif de ce cuirassé. Comment ne pas saluer le travail, l’habileté technique, le souci du détail de degré de perfection mimétique de la nature au point de penser qu’il ne faut pas oublier de lui donner de l’eau. Sommet de l’art plastique… Comment ne pas saluer l’artiste qui se cache et se révèle tout à la fois. Anonyme pudeur qui ne veut pas donner un nom à son ego mais veut faire participer pleinement à la beauté perçue. Paradoxalement, l’artiste révèle en même temps sa capacité de don que toute beauté recèle en se cachant derrière elle.


 

Le Bon Dieu au sommet de son art 

Créateur qui s’efface

Qui crée et recrée la vraie semblance

Tout être humain porte l’empreinte de son Créateur

Ton visage et le mien s’accordent à son Image

Le chemin emprunté ne peut masquer ton essence

Le toi et le moi se croissent en co-naissance

L’amour en travail s’agrandit d’espérance

Ta liberté et la mienne se croisent en chemin

Que faisons-nous de nos deux mains sinon les distendre

Pour offrir au monde le regain, le soutien

Sans la grâce qui s’opère nous ne pouvons rien faire

De tant d’abondance

De cette romance inattendue

Vraiment je m’y perds

De ton outrance à perte de vue

De ton amour qui m’apparente

À ta beauté

De ton amour qui m’appareille

À ta bonté

De ton amour qui m’aiguille

À ta vérité

De ton amour qui m’engendre

À ta divinité

De ton amour qui me surprend

Dans tous les sens

Vraiment je m’y perds

Éperdu de ton immensité

Que tout finisse en beauté

Sans que cela finisse

 

poèmeDenis Théberge