....Découvrir l'épopée de Montréal à travers ses fondateurs..Discover the epic of Montreal through its founders....
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«Leur folle entreprise, laïque et mystique, étrangère à toute recherche d'or ou d'argent, aura marqué d'une empreinte inusitée ailleurs dans le monde la naissance de ce pays en Amérique.»
Extrait de la présentation d'une conférence, donnée par madame Louise Harel, en compagnie de l'animateur et historien Éric Bédard, le 3 février 2015. Le sujet: Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys et Marie Guyart. Périfmédia était sur place; visionnez notre reportage:
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"THEIR CRAZY ENDEAVOUR, SECULAR AND MYSTICAL, FOREIGN TO ANY QUEST FOR GOLD OR SILVER, HAS STAMPED WITH AN UNUSUAL FOOTPRINT, SOMEWHERE ELSE IN THE WORLD, THE BIRTH OF THIS COUNTRY IN AMERICA."
Excerpt from a lecture given by Louise Harel, along with the moderator and historian Eric Bedard, February 3, 2015. The subject: Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys and Marie Guyart. Périfmédia was there; watch our video…
We are sorry but this video is only available in French. ....
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Le 2 février, est une date fort importante pour l’histoire de la ville de Montréal.
C’est un 2 février, en 1630, que Jérôme Le Royer, après s’être consacré à Joseph, Marie et Jésus, reçut l’inspiration de fonder des hospitalières, qui se dévoueraient au service des malades sous la protection particulière de Joseph. C’était la première étape du projet de Ville-Marie.
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February 2 is a very important date for the history of the city of Montreal.
It is on February 2, 1630, that Jérôme Le Royer, after having been consecrated to Joseph, Mary and Jesus, was inspired to found an order of hospitaliers, who would devote themselves to serving the sick under the special protection of Joseph. It was the first step towards the project of Ville-Marie.
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Le titre donné à cette vaste terre d’Amérique n’est pas sans signification. L’aspiration à des cieux nouveaux et à une terre nouvelle dont parle la Bible (Ap. 21, 1) pousse de l’intérieur depuis toujours l’humanité vers sa finalité heureuse. Un Nouveau Monde? Toute espérance n’est-elle pas permise?
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The title given to this vast land of America is not without significance. The desire for a New Heaven and a New Earth in the Bible (Ap. 21: 1) thrusts humanity from within towards its happy ending. A New World? Isn't all hope allowed?
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Voici le contexte dans lequel Jeanne Mance se trouvait, au XVIIe siècle, avant son départ vers le Canada:
Imaginez que vous aviez seize ans lorsque votre santé s’est passablement fragilisée et depuis ce temps vous devez faire davantage attention à bien doser vos activités. Vous avez maintenant trente-quatre ans et, malgré votre état de santé, vous avez traversé la guerre de Trente Ans, durant laquelle vous avez appris les soins infirmiers. Votre mère est décédée lorsque vous aviez vingt ans et vous êtes la deuxième d’une famille de douze enfants: vous devez donc vous occuper de vos jeunes frères et sœurs avec l’aînée de la famille.
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Here is the context in which find Jeanne Mance before her departure to Canada:
Imagine that you are in the XVIIth century. You were 16 years old when your health declined and became fragilized, and since then you have had to be careful to properly balance your activities. You are now 34 years old, and despite your health condition, you went through the Thirty Years War, during which you learned nursing, your mother died when you were 20 and you are the second oldest in a family of 12 children. So along with the eldest of the family, you must look after your younger brothers and sisters.
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En écrivant l’Histoire de Montréal, le sulpicien Dollier de Casson nous livre des informations importantes sur la vie de Jeanne Mance, antérieurement à son appel aux missions de la Nouvelle-France. Sans ce document, peu de choses seraient connues. Il ne faut pas être surpris si plusieurs biographes qualifient les trente-quatre premières années de sa vie comme «années secrètes». Sa mort en 1673 ne fut même pas soulignée et nul ne se préoccupa d’écrire son histoire.
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In writing his "Histoire de Montréal", Sulpician priest Dollier de Casson reveals important details on the life of Jeanne Mance, prior to her personal involvement with the missions of New France. Without that document, little would be known about those details of her life. It is not surprising to realize that her biographers refer to the first thirty-four years of her life as the “secret years”. Her death, in 1673, was not heralded and no one bothered to write her story.
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Dans mon blogue précédent, nous avons parlé de Jeanne Mance à Langres (Mademoiselle Mance à Langres). Nous la retrouvons maintenant à Paris.
En 1640, cinq ans après le décès de son père, Jeanne apprit, par son cousin Nicolas, chapelain de la Sainte-Chapelle à Paris, que des femmes du monde et des religieuses témoignaient d’un grand élan missionnaire pour la Nouvelle-France. Selon Dollier de Casson, c’est à ce moment que Jeanne ressentit pour la première fois le désir de participer à ces missions. Voilà que le «vrai motif» de Jeanne prend plus profondément racine dans un coeur déjà travaillé au don de soi.
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In my previous blog (Mademoiselle Mance in Langres) we covered Jeanne Mance’s life in Langres. Let’s take a look at her life in Paris.
In 1640, five years after the death of her father, Jeanne became aware, through her cousin Nicolas, chaplain of the Holy Chapel in Paris, that nuns as well as society women were drawn to missionary work in New France. According to Dollier de Casson, it is around that time that Jeanne Mance felt drawn to missionary work in New France. The “real motive” of her true calling was growing roots deeper and deeper in a heart readied by a selfless life.
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Je suis allée récemment faire la visite du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal. L’histoire de ces Hospitalières a suscité mon attention sur divers aspects. Entre autres, elles ont été sollicitées par Jeanne Mance pour venir ici au Canada travailler au soin des malades. Suite à ma visite et à mes recherches, je me suis engagée dans les réflexions suivantes.
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I recently went to visit the museum of the Religious Hospitallers of St. Joseph at Montreal's Hotel Dieu Hospital. Their history sparked my attention on various aspects. Among those, it was Jeanne Mance who asked them to come to Canada to care for the sick. Following my visit and my research, I venture to make these comments.
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Christian Rioux et Lysiane Gagnon ont tous deux déclaré dans leurs chroniques de juin 2012 que Paul Chomedey de Maisonneuve a été victime d’un «déboulonnage» par le Conseil de ville de Montréal lorsqu’on lui a «flanqué» Jeanne Mance comme cofondatrice. Je crois que pareille analyse manque de rectitude historique. En effet, en quoi le fait de reconnaître Jeanne Mance comme cofondatrice rend-il Maisonneuve victime d’un déboulonnage?
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Christian Rioux and Lysiane Gagnon both stated in articles published in June 2012 that Maisonneuve’s accomplishments were somewhat diminished when Montreal’s City counsel flanked him with Jeanne Mance as cofoundress of Ville-Marie. I personally think that their analysis lacks historical correctness. Indeed, in which way does the recognition of Jeanne Mance as cofoundress tarnish Maisonneuve’s image?
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… peu commune et communicatrice, celle de Paul Chomedey de Maisonneuve. Il en subsiste aujourd’hui un signe très visible: la croix qui domine le mont Royal. Elle y fut plantée par lui-même en reconnaissance du secours de Dieu lors d’une crue des eaux qui faillit, en décembre 1642, détruire la colonie établie depuis seulement quelques mois.
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… uncommon and communicative, that of Paul Chomedey de Maisonneuve. But it came to fruition in a very visible way: the cross that dominates Mount-Royal. It was erected in recognition of God's ointervention during a flash flood, in December 1642, that almost destroyed the colony that had been established only a few months earlier.
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En tant qu’héritiers d’un passé aussi riche, je trouve important que nous sachions que Paul Chomedey de Maisonneuve était un homme d’une rare envergure, avec des qualités qui faisaient de lui un gouverneur exceptionnel de la ville naissante.
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As heirs to a such a rich past, I find important we know that Paul Chomedey de Maisonneuve was a man of unusual breadth, with qualities that made him an outstanding Governor of the nascent city.
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L’histoire de Montréal est unique par les motifs qui animaient ses fondateurs. Ils les ont exposés dans un document intitulé Les véritables motifs de Messieurs et Dames de la Société de Notre-Dame de Montréal. Les Mémoires de la Société historique de Montréal parus en 1880 ont réédité intégralement le texte des Véritables motifs parus en 1643.
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The history of Montreal is unique in the motives that animated its founders. They exposed them in a document entitled "Les véritables motifs de Messieurs et Dames de la Société de Notre-Dame de Montréal" (The true motives of the Gentlemen and Ladies of the Society of Our Lady of Montreal). The Memoirs of the Historical Society of Montreal published in 1880 reissued in full the text "Les Véritables Motifs" (The True Motives) as published in 1643.
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Dans la foulée de la reconnaissance officielle de Jeanne Mance comme cofondatrice de Montréal, verrons-nous ce titre accordé à Marguerite Bourgeoys, dont la contribution a assuré la survie de Ville-Marie, au début de la colonie?
C’est ce que suggèrent des sites Web comme celui du Diocèse d’Edmunston, celui du Vatican, de la Congrégation de Notre-Dame, ainsi que celui de l’Oratoire Saint Joseph, qui lui reconnaissent la cofondation de Montréal.
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In the wake of the official recognition of Jeanne Mance as cofounder of Montreal, are we likely to see such title attributed to Marguerite Bourgeoys, whose contribution helped save Ville-Marie, in the early days of the colony?
Such is the suggestion made by certain Web sites, amongst those that of the diocese of Edmunston, of the Vatican, of the Congregation of Notre-Dame, as well as Saint Joseph’s Oratory.
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Pour bien nous situer, Kateri Tekakwitha est née en 1656, donc 14 ans après la fondation de Montréal. La jeune colonie était donc en pleine expansion et les guerres iroquoises fréquentes.
Kateri c’est l’Amérindienne algonquine… Elle est la fille de «Fleur des prairies», une Algonquine chrétienne capturée aux Trois-Rivières par la nation iroquoise et intégrée au sein de la tribu des Agniers. «Fleur des prairies» épousera le chef de la tribu et conservera sa foi résolue, inébranlable jusqu’à son dernier jour. Emportée par l’épidémie de petite vérole, elle quitte ce monde et sa petite fille âgée de 4 ans qu’elle protègera toujours puisque la jeune Kateri héritera de sa foi profonde.
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Kateri Tekakwitha was born in 1656, 14 years after the founding of Montreal. The young colony was therefore in full growth and the Iroquois wars were frequent.
Kateri is the Algonquin Amerindian… She is the daughter of "Flower of the Meadows", a Christian Algonquin captured at Three Rivers by the Iroquois Nation who was integrated into the Mohawk tribe. "Flower of the Meadows" will marry the chief of the tribe and will keep alive an indefectible faith, unwavering until the last day. Carried away by the smallpox epidemic, she left this world and her little girl of 4 years old that she will always protect since young Kateri inherited her deep faith.
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Mircea Eliade, historien des religions d’origine roumaine, a étudié l’expérience religieuse dans le monde entier. Savant érudit, il est considéré comme l’un des fondateurs de l’histoire moderne des religions. Il s’est penché sur un grand nombre de peuples pour en étudier les structures religieuses. Il en arrive à la conclusion qu’en étudiant l’histoire des religions, on peut découvrir l’unité fondamentale du genre humain.
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Mircea Eliade, religious historian of Romanian descent, studied religious experiences around the world. Erudite scholar, he is considered one of the founders of the modern history of religions. He reflected on a great number of nations in order to study their religious structures. He concludes that by studying the history of religions, one can discover the deep-seated unity of mankind.
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Kateri, en français Catherine, est le nom qu’elle reçut à son baptême à l’âge de 20 ans en l’honneur de Catherine de Sienne. À sa naissance sa mère l’appelait Clarté-du-Ciel (Uasheshkun). Nous savons qu’à l’âge de 4 ans, la petite vérole lui laissa des marques permanentes sur le visage et la rendit presqu’aveugle. Elle portait un grand châle sur sa tête et devait s’en servir pour protéger ses yeux des rayons du soleil. On lui donna alors le nom de Tekakwitha. Ce mot veut dire «Celle qui marche en hésitant», ou encore, «celle, qui doit enlever les choses devant elle et qui doit marcher lentement et à tâtons».
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Kateri, Catherine in French, is the name she received at her baptism, at the age of 20, in honor of Catherine of Siena. At birth her mother gave her the name Clarté-du-Ciel (Uasheshkun). We know that at the age of 4, smallpox left permanent marks on her face and made her almost blind. She wore a shawl over her head and had to use it to protect her eyes from the sun. She then received the name of Tekakwitha. This word means "one who walks hesitantly," or also "she who has to remove the things in front of her and who needs to walk slowly and gropingly."
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Au moment de la fondation de Ville-Marie, quel est l’état de la situation entre Français et Amérindiens sur le territoire de l’île de Montréal et des environs? Puisque l’objectif premier des fondateurs est l’évangélisation des Amérindiens, comment s’établiront les premiers contacts avec les principaux intéressés?
Les Relations, journal officiel des Jésuites, mentionne que lors du passage de Jacques Cartier en 1534, il se trouvait une imposante bourgade amérindienne nommée Hochelaga, qui fit bon accueil à ces «originaux européens».
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At the moment of Ville-Marie's foundation, what is the status of the situation between French and the Amerindians on the island of Montreal and its surrounding areas? Since the primary objective of the founders is to evangelize the Amerindians, what will be the initial approach with those principally concerned?
The Relations, Official journal of the Jesuits, says that when Jacques Cartier arrived in 1534, he saw an imposing Indian village named Hochelaga, who warmly welcomed these "original Europeans".
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Imaginez-vous que tout brûle. Vous n’avez plus rien. Votre dépendance aux événements et à la charité des autres est totale: c’est une question de vie ou de mort. C’était bien la condition de la Huronie chrétienne fuyant la Baie Georgienne en direction de Québec au moment de l’attaque iroquoise de 1650. Quelque 300 Hurons établirent leur campement à proximité des premiers habitants de Québec et bénéficièrent d’un accueil inconditionnel de la part des hospitalières, jésuites et ursulines qui leur fournirent nourriture et vêtements.
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Imagine that everything is burning. You have lost all of your belongings. Your dependency on the events and on the charity of others is absolute: it is a question of life or death. This was the case of the Christian Hurons fleeing from the Georgian Bay to Quebec at the time of the Iroquois attack in 1650. Almost 300 Hurons established their camp near Quebec's first inhabitants and benefited from an unconditional welcome from the Hospitallers, Jesuits and Ursulines communities who provided them with food and clothing.
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Les événements survenus à Ossernenon et racontés ci-après, précèdent de quelques années seulement la naissance de Kateri Tekakwitha en 1656. Ce qui s’est passé là-bas mérite d’être conservé et rappelé à notre mémoire collective. Ces faits jouent un rôle capital préparant en quelque sorte un terrain propice à l’éclosion de la vocation particulière de Kateri. Celle-ci comme je vous le mentionnais antérieurement, est héritière d’une Église franco-amérindienne née dans des conditions difficiles.
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Only a few years before 1656, the year of Kateri Tekakwitha's birth, the following events took place in Ossernenon and captured our attention. What happened out there is worth keeping and deserves to be recalled for memory. These facts are crucial and somehow paved the way for Kateri's particular vocation. As I have previously mentioned, she is heir to a Franco-amerindian Church that was subject to very harsh conditions.
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Québec, Manicouagan, Hushuai, Matapédia, Tadoussac, Guanahani, Chicoutimi, Arthabaska, Natasquan, Magog… comme le chante Chloé Sainte-Marie, une artiste de chez nous… Ça sonne très amérindien, n’est-ce pas? Force est de constater que la langue amérindienne a marqué tout le Québec et que ces mots qui résonnent à nos oreilles n’évoquent pratiquement plus leur présence à l’origine des fondations. Saviez-vous que beaucoup de lieux, ici au Canada, sont des noms que portaient l’une ou l’autre des nations amérindiennes qui avaient pris racine à ces endroits?
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Quebec, Manicouagan, Hushuai, Matapédia, Tadoussac, Guanahani, Chicoutimi, Arthabaska, Natasquan, Magog… such as the artist Chloé Sainte-Marie sings it out. It sounds Amerindian, is it not? It is clear that the Amerindian language left its mark throughout Quebec. Those words ringing in our ears do not recall the ancestral presence of the First Nations anymore, as it was at the origin of the foundation. Did you know that many places, here in Canada, are named after some of the Amerindian nations previously living in these locations?
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« Folle entreprise », s’était-on exclamé à Québec en voyant arriver de Larochelle en août 1641 les deux navires transportant Maisonneuve et Jeanne Mance avec une cinquantaine d’engagés recrutés à grand peine.
Folle entreprise que de vouloir établir, sur l’île de Montréal, une mission destinée à témoigner de l'Évangile et à fonder une Église franco-amérindienne, mais y avait-il d’autres raisons qui portaient à croire que le projet de Jérôme Le Royer allait contre l’entendement humain?
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"Crazy endeavour", uttered settlers in Quebec when they saw in August 1641 two ships from Larochelle, carrying Maisonneuve and Jeanne Mance with fifty hard to come but dedicated recruits.
Crazy endeavour that wanted to establish, on the island of Montreal, a mission to witness to the Gospel, and to establish a Franco-Amerindian Church, but were there any other reasons that lead to believe that Jerome Le Royer's project went beyond human understanding?
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